Comment peut-on s’affirmer et dire NON quand on a appris à obéir et à devoir dire OUI ?

C’est la question que je me pose en ce moment.

Le modèle éducatif « Obéis, sinon… » c’est-à-dire de « l’obéissance à un ordre par la crainte d’être puni » peut être efficace pour celle/celui qui l’applique et valorisant pour celle/celui qui se sent respecté/e.  Et c’est sûrement pour cela qu’il est aussi répandu.

Aujourd’hui, je souhaite vous partager les conséquences à court et long termes que j’ai vécu.

Il n’est pas ici le lieu de critiques envers les personnes qui ont utilisé/utilisent ce modèle et cette manière de faire avec leurs proches et/ou leurs enfants. J’ai ici envie de

  • partager les difficultés rencontrées sur mon parcours, apporter un éclairage sur le sujet et du soutien à celles et ceux qui ont pu/vivent également cela et qui ont du mal à en sortir.
  • participer à la prise de conscience des conséquences de nos actes. Nos actes ont des conséquences et il est important pour moi de s’en rendre compte, de les faire évoluer s’ils ne nous conviennent plus, et ainsi de sortir des schémas hérités et de consciemment choisir de ne plus les transmettre.

J’ai appris à dire OUI. Et seulement oui. A obéir.

A être gentille. A ne pas déranger. A ne pas prendre de place ni me faire remarquer. A ne pas m’écouter. A me taire. A ne pas dire quand je n’étais pas d’accord. A ne pas m’affirmer.

C’était comme ça que j’avais l’impression d’être bien vue. D’être aimée. C’est comme ça que j’ai cru que je devais être et ce qu’on attendait de moi. Etre une enfant modèle.

L’avantage, c’est qu’on m’a fait de bons retours. Je me sentais valorisée dans mon rôle d’être gentille et sage. Je me sentais appréciée ainsi. Et c’est ça qui importait à l’époque.

Il fallait juste que je m’arrange avec ma conscience : mettre un couvercle sur ce qui me paraissait juste et pas juste, accepter ce qui m’était inacceptable et insupportable, me forcer à faire des choses que je ne voulais pas, à accepter de renier des choses importantes pour moi, oublier mes désirs qui ne satisfaisaient pas l’autre, me déconnecter de moi…

Etre soumise et obéissante étaient mes moyens de me sentir en sécurité.

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J’avais peur de l’autre. Je ressens encore la peur que j’avais quand j’étais petite. Les adultes faisaient 2-3 fois ma taille, pouvaient prendre leur grosse voix, faire leurs gros yeux et chercher à être intimidants. Si vous ne vous souvenez plus de comment ça peut faire à l’intérieur, imaginez vous maintenant face à un grand éléphant d’Afrique très insatisfait qui barrit très fort, et vous court après ! Ca fout la trouille ! 😉 Il fait cela pour vous faire peur et ne va pas peut-être pas aller plus loin, mais au fond vous ne savez pas ce qu’il va vous arriver !

Petite, je ne savais pas ce qui allait m’arriver. Et je me sentais dans une telle insécurité dans ces moments d’affrontement que j’avais mortellement peur des conséquences de si je disais « non ». Qu’allait-il advenir ? Si je mettais quelqu’un en rage, jusqu’où était-il/elle prêt à aller ? J’avais réellement peur des conséquences pour ma vie physiquement – bien que je n’ai pas été battue ni maltraitée – et aussi pour la relation avec l’autre. Si l’autre ne m’aime plus : Que vais-je devenir ? Va-t-il/elle m’abandonner ? Va-t-il/elle me haïr et me faire payer les conséquences de son désamour pour moi ? Voilà ce que je me disais. J‘étais terrorisée.

Le problème dans tout ça, c’est que maintenant, quand n’importe quelle personne utilise cette technique d’influence sur moi : ça marche !
Même si je sais que rationnellement, il ne peut pas m’arriver grand chose.

Je me sens toujours aussi terrorisée dans mes cellules, mon estomac se contracte, je me renferme. Mon seul souhait est que la situation redevienne paisible, alors je me plie aux désirs de l’autre pour qu’il soit satisfait et me laisse tranquille. Même si maintenant, je sais rationnellement que je suis adulte, autonome, libre de mes choix et de mes mouvements…

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Et ça pour moi, c’est grave.
Car je suis conditionnée. Je suis forgée par ce traumatisme qui m’habite encore.
Et il me faut une force immense pour sortir de ce schéma et m’en libérer.
Il me faut une force immense pour trouver la force de m’affirmer malgré la terreur qui m’habite. C’est un réel combat à l’intérieur de moi.
Je ne suis pas libre d’agir comme je le souhaiterais.

Mon réflexe est de fuir, de dire « oui », de satisfaire l’autre, et de partir en courant me réfugier dans l’espace où je peux être moi-même. Au fur et à mesure, cet espace de liberté, cet espace vital diminue. Je me suis renfermée sur moi.

A force, j’ai écrasé et tué à petit feu ma force de vie.

Les conséquences de l’éducation sur la formation de la personnalité

N’est-ce pas ce qu’on se souhaite et qu’on souhaite à l’autre, à ses enfants pour leur avenir, pour qu’ils aient le plus de chance de leur côté : qu’ils aient les moyens de s’affirmer, faire leur place dans le monde et être des adultes épanouis qui posent leurs limites, se fassent respecter, respectent les autres, savent être justes, responsables et aimants ? 

En tout cas, c’est que je souhaite pour moi, pour l’autre, pour vous !

La relation qu’on construit avec l’enfant et les attentes qu’on a envers lui vont forger sa personnalité et ses ressources. Elles auront des conséquences pour lui toute sa vie. Ce sont les outils avec lesquels il partira dans la vie. En plus de ses dispositions naturelles.

Oui, de mon côté, j’ai certainement des prédispositions naturelles à vouloir faire plaisir et à ressentir « bonheur et satisfaction » de voir la joie de l’autre quand il est content, quand je le contente. Et sûrement que d’autres qui auraient vécu la même expérience que moi n’auraient pas réagi de la même manière.
Et en même temps, j’ai construit la croyance avec l’expérience que je vivais, que je n’avais pas le droit, ce n’était pas bien de m’affirmer, de dire ‘non’, et d’exprimer que je pensais différemment. Et cette croyance est restée. Longtemps. Encore.
Ca ne veut pas dire que je n’ai jamais pu m’affirmer ou que je ne me suis jamais sentie écouté, ça veut dire que j’ai senti et interprété que ce qu’on attendait de moi n’était pas d’être qui j’étais mais de satisfaire aux attentes de l’autre. oui non peut être dé.png

Ca a été si difficile à vivre pour moi. Et c’est si violent quand ça se réactive. J’ai eu tellement de conflits intérieurs que j’ai vécu l’enfer en moi.

C’était la guerre ! Que choisir ?

  • Dire ‘OUI’ pour faire plaisir/être conciliante alors qu’en fait je ne veux pas ?
  • Ou dire ‘NON’ et prendre un risque pour la relation et ma survie ?

Et ne sachant pas m’affirmer sainement et ayant le besoin de quand même manifester et exprimer qui j’étais, j’ai utilisé (un peu) la rébellion. C’est l’affirmation par la colère.
Cette énergie apporte la guerre, c’est la lutte.
Elle m’a permis de sortir de mon trou et de mon enfermement. Et en même temps c’est aussi une énergie qui détruit.

Conclusion : je ne savais pas m’affirmer naturellement. Je n’ai pas appris ces compétences. Dire « non » a été longtemps impossible. C’était des « oui » timorés, des non-dits, des évitements. Je pouvais faire les choses avec une grande colère intérieure qui me faisait du mal.

Et maintenant ?

OUI, je peux dire NON ! 

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Le changement est possible ! 
Je peux et chacun peut apprendre à s’affirmer dignement, sainement, sereinement et en confiance !
Et nous pouvons le transmettre aux plus petits que soi dans l’éducation !
Et nous pouvons témoigner aux autres que cela est possible !

  • A celles et ceux qui ont vécu ce modèle,
  • Et à celles et ceux qui ont utilisé ce modèle: Vous l’avez cru bon. Vous l’avez sûrement vécu également et subi les conséquences. Vous avez peut-être cru que c’était le seul possible, 

Je vous invite à regarder en vous: quelles conséquences ça a eu sur vous ?
Quels traces et impacts profonds cela a laissé ?
Quelles croyances limitantes avez-vous construit suite à cela ?
Quels comportements disharmonieux avez-vous développé suite à cela ?

Une fois qu’on sait s’affirmer avec justesse, on peut autoriser l’autre à le faire et même à l’encourager.

On accepte aussi que l’autre ait un point de vue différent. Que l’autre a le droit de ne pas être d’accord. Et que c’est très bien ainsi. La capacité à s’affirmer participe beaucoup à l’estime de soi. A choisir ce qui est bon pour soi plutôt que de se taire pour faire ce qui est bon pour l’autre.

Je vous encourage donc à apprendre à vous affirmer avec justesse.
A RELEVER CE DEFI !
A vous saisir de toute votre force vitale pour surmonter les peurs et les terreurs qui vous empêchent de le faire ! 

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Et ainsi permettre à vous, à vos proches, à vos enfants d’en faire de même !

Pour cela, j’écrirais prochainement un article sur « Apprendre à s’affirmer et à dire ‘non’ sereinement et sainement. ».

Je vous souhaite une belle suite de journée !
Que la paix, l’amour et la joie soient avec vous 🙂

Laure


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3 commentaires sur « Comment peut-on s’affirmer et dire NON quand on a appris à obéir et à devoir dire OUI ? »

  1. Merci pour ces mots qui résonnent en moi. Je me reconnais dans cette guerre intérieure et ma colère larvée me détruit, me fait mal, réellement, parfois dans tous mes muscles. Quand je la laisse surgir. J’ai changé beaucoup de choses autour de moi et en moi, mais elle est encore là parfois et mon travail est d’en prendre conscience. Chaque instant, de lui dire non, je n’ai plus besoin de toi. Merci, ça fait du bien de lire ses propres mots/maux à travers quelqu’un d’autre, réaliser extérieurement, que je ne suis pas seule. Mon mémoire professionnel que je termine en ce moment porte d’ailleurs sur ce sujet. Un livre très académique mais très enrichissant m’a permis de prendre du recul. De Jean-Paul Gaillard, « Enfants et ados en mutation » (2012). Amour et lumière sur tous les cœurs.

  2. Merci et Bravo pour ce magnifique partage ainsi que ces enseignements emplis de justesse, de belles intentions et de pragmatisme.
    Hate de decouvrir la suite!

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